Gareth de Larachi, la revanche d'un frère dans le Grand Cross des Anglo-Arabes
Gareth de Larachi et Erwan Bureller, vainqueurs à Pau du Prix Jean Granel, édition 2020 (© Robert Polin)
Lorsque l'on fait partie d'une même famille, les relations que l'on entretient avec les membres qui la composent peuvent être aussi changeantes que la météo. D'un beau et grand soleil, le climat peut vite tourner à l'orage, parfois sans crier gare, laissant la colère suppléer à la joie, et ainsi nous faire passer des rires aux larmes. Surtout lorsque l'on a des frères et soeurs ! Car qu'on se le dise, entre frangins et/ou frangines, c'est généralement "l'amour vache" qui prévaut: un coup on s'adore, un coup on se déteste. D'ailleurs, si l'on devait faire un sondage pour savoir ce que vous pensez de votre frère et/ou de votre soeur, notre petit doigt nous dit que la grande majorité d'entre vous répondrait qu'il/elle vous "saoule"... mais que "vous l'aimez plus que tout". En effet, quil s'agisse de votre soeur/frère de sang ou d'une autre mère, vous seriez prêt à faire n'importe quoi pour lui prouver votre amour et défendre son honneur en cas de besoin.
Chose qu'a justement réalisée, à sa manière, Gareth de Larachi hier, sur l'hippodrome du Pont-Long, en parvenant à remporter très plaisamment le Prix Jean Granel, le Grand Cross des Anglo-Arabes, pour ce qui était seulement sa troisième sortie dans cette discipline (!), là où son grand frère par Traditionally, Bohort des Arachis, également entraîné par Éric Lecoiffier, avait échoué du plus petit des "nez" face à Djahilor deux années plus tôt.
Éric Lecoiffier (à droite), aux côtés de Bohort des Arachis, grand frère de Gareth de Larachi, après une victoire de ce dernier, à Fontainebleau, en octobre dernier (© APRH)
Tout de suite aux avant-postes, avant d'être relayé au commandement par Alpha Risk (Grey Risk) au franchissement de la banquette irlandaise, le partenaire d'Erwan Bureller a parfaitement négocié tous les gros obstacles du Pont-Long pour finalement reprendre l'avantage au dernier saut de la nouvelle banquette, profitant d'une faute du représentant d'Hector de Lageneste & Guillaume Macaire, qui a quelque peu laissé trainer les postérieurs au sommet de celle-ci. Le protégé de Mélanie Gilet et d'Éric Lecoiffier s'est ensuite montré intraitable dans la phase finale, repartant bien sur le plat, une fois la dernière haie franchie, pour finalement atteindre le poteau d'arrivée seul en tête, quatre longueurs et demie devant ses poursuivants immédiats, que sont Alpha Risk, qui s'est bien ressaisi pour s'octroyer le premier accessit, et le courageux Domino du Raynal qui a bien terminé pour s'adjuger la troisième place de cette épreuve, en retrait.
Fils du "pur" Vespone, ancien champion auteur du difficile doublé Prix Jean Prat (Gr.1) - Grand Prix de Paris (Gr.1) en 2003, sous la férule de Nicolas Clément et révélé ensuite comme étalon grâce à plusieurs gagnants black-type, Gareth de Larachi a été élevé dans l'Indre, ayant vu le jour dans les prés verdoyants de Robert Liut, installé sur la commune de Deols, où se trouve sa structure d'élevage : la SCEA de l'Arachi. Ce beau poulain alezan est le dernier produit d'Idole de Vergne, une fille de Satin Wood lauréate à cinq reprises en plat et une autre fois en obstacle, sur les balais de Mont-de-Marsan. Cette Idole de Vergne a également terminé deuxième d'une certaine Belle Nana, dans le Grand Prix des Anglo-Arabes, alors disputé à Saint-Cloud, en 2001. La grand-mère de Gareth de Larachi, Diva de Lavergne, s'est hissée au quatrième rang de cet "Arc des Anglo-Arabes" avant d'entrer au haras et de donner, outre Idole de Lavergne, un autre gagnant en piste, Lou de Vergne (Prix Farceur VIII, Pompadour), ainsi qu'un certain Loustic' de Vergne, deuxième du champion Fairplay du Pécos dans la Poule d'Essai à 12.5% de La Teste, en 2009.
Vespone, le père de Gareth de Larachi, photographié au Haras du Petit Tellier où il a officié pendant dix ans
Passé, comme d'autres de ses frères et soeurs, par le Grand Show Anglo de La Teste en 2017, dont il s'était classé 4ème de la section des mâles ayant entre 12.5 et 25% de sang arabe, Gareth de Larachi a tout d'abord commencé sa carrière en Corrèze, du côté de Pompadour, chez l'ancien jockey Fabien Lagarde, pour qui il a notamment décroché deux accessits sur les balais d'Agen, avant de migrer vers le nord-ouest du pays pour y rejoindre les boxes d'Éric Lecoiffier et son écurie de Saint-Jean-Le-Thomas, à deux pas de Dragey. Metteur au point bien connu en France pour avoir sellé d'excellents chevaux d'obstacle comme Reglis Brunel (Prix des Drags, Gr.2), Tito dela Barrière (Prix Montgomery, Gr.3), Vauquoise(Grand Steeple-Chase de Craon, L.), Majaresca (Prix John Henry Wright à Pau, en cross), mais aussi Petite Spéciale (Prix de Barbeville, Gr.3) en plat, "La Coiffe" sait parfaitement comment dresser ses chevaux sur le cross et a donc appris les rudiments du métier à Gareth de Larachi, lui faisant effectuer ses débuts "sur la terre" de Mont-de-Marsan, en novembre dernier. Des premiers pas conclus par une méritoire deuxième place, juste avant de terminer au 3ème rang, et "en avançant", du Prix Pierre Rivière d'Arc, préparatoire à ce Grand Cross des Anglo-Arabes, juste derrière deux de ses adversaires d'hier, Conan Doyle et Alpha Risk.
Revivez le passage de Gareth de Larachi lors du Grand Show Anglo de La Teste, en 2017
Deux Anglo-Arabes à la classe indiscutable en cross, avec qui son grand frère, Bohort des Arachis, également entraîné par Éric Lecoiffier, avait déjà croisé le fer par le passé, parvenant à terminer sur la plus haute marche du podium face au premier nommé lors d'un steeple à Mont-de-Marsan, et à deux reprises en cross face au second, dont une fois dans le Prix Pierre Rivière d'Arc, à Pau, face à un autre monstre sacré de cette discipline: Saham. Il a manqué un "nez" à ce représentant de Nadine Ducasse, Kryss Haes et Éric "La Coiffe" Lecoiffier, pour parvenir à devancer le tout aussi bon Djahilor dans ce même Prix Jean Granel, en 2019, le Grand Cross des Anglo-Arabes, qu'a remporté cette année son petit frère, Gareth de Larachi, âgé de 5 ans seulement, et à l'avenir des plus prometteurs. Vivement la suite !
Photo souvenir, avec Erwan Bureller sur le dos de Gareth de Larachi, aux côtés du lad de ce dernier (© Twitter Hippodrome de Pau)
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