Chamako, un "paseo" réussi sur les gros obstacles de Pau
Chamako et James Reveley, vainqueurs hier du Prix Roger de Vazelhes, à Pau (© Robert Polin)
Tout comme Antonio Borrero Morano, Thomas Fourcy n'a aucun antécédent avec le monde dans lequel il est parvenu à s'illustrer, et à impressionner, à l'âge adulte. En effet, à l'instar de celui qui, bien que n'étant pas issu d'une grande lignée de matadors, est parvenu à devenir l'un des plus grands toreros espagnols du XXème siècle avec son fils, Antonio Borrero Borrero, l'entraîneur royanais, fils d'agriculteurs amiénois, a très vite su prendre le taureau par les cornes pour parvenir à se faire un nom dans le milieu très fermé des courses hippiques. Ancien jockey auréolé de plus de 300 succès, tant en plat qu'en obstacle, et après diverses exépriences passées notamment chez deux grands metteurs au point que sont Guillaume Macaire et Arnaud Chaillé-Chaillé, Thomas Fourcy a décidé de s'installer à son compte comme entraîneur, en 2013, à Royan-La Palmyre, comme ses mentors, et ne cesse de s'affirmer au fil des années parmi le metteurs au point les plus redoutables de tout l'Hexagone, connaissant une belle réussite dans les deux disciplines du galop, et ce avec les "purs", les arabes... mais également les Anglo-Arabes.
Thomas Fourcy (à droite), aux côtés de Michel Parreau-Delhote, lors du Grand Show Anglo 2016
Preuve en est hier, avec l'un de ses protégés, Chamako, baptisé du même nom que deux des plus grands matadors espagnols du XXème siècle cités précédemment. Il n'a pas manqué ses débuts sur le steeple de Pau, à l'occasion du Prix Roger de Vazelhes, sous l'élevage et la casaque de Patrick Saint-Martin et a plaisamment remporté cette course, sous la selle du "rejoneador" (cavalier combattant le taureau dans l'arène, ndlr) anglais, James Reveley. Après avoir évolué en antépénultième position durant la première partie du parcours, Chamako a commencé à faire mouvement dans l'avant-dernier tournant, avant de se porter sur la ligne des premiers, au saut du bullfinch, au dernier passage de la ligne d'en face. À la lutte dans le tournant final avec Monfleur du Lia (Policy Maker), le protégé de Thomas Fourcy a quelque peu été pris de vitesse par ce dernier, à l'entrée de la ligne droite, mais s'est fort bien ressaisi sitôt l'ultime haie franchie, pour refaire son retard mètre après mètre, avant de parvenir à devancer le représentant de Jean-Pierre Daireaux dans les tous derniers mètres de course. Quinze longueurs plus loin, Perflort de Verdun (Policy Maker) se montre courageux pour préserver la troisième place, profitant de la chute d'Ereb de la Brunie (Ragtime Pontadour) à la "der" alors qu'il n'avait pas encore dit son dernier mot...
Au poteau, Chamako parvient à prendre le meilleur sur Monfleur du Lia dans ce Prix Roger de Vazelhes
Né et élevé dans les Hautes-Pyrénées, au Haras de la Poderosa du docteur vétérinaire Patrick Saint-Martin, Chamako est un fils du grand, et regretté, Martaline, l'un des piliers de l'élevage français, notamment en obstacle, disparu il y a un an à présent, et dont la production chez les Anglo-Arabes ne compte que quatre produits seulement ! En effet, outre Chamako, ce gagnant du Prix Maurice de Nieuil (Gr.2) en 2003, ayant fait ensuite toute sa carrière de reproducteur au Haras de Montaigu, est le père de la placée en plat Baraka de Sam, mais également d'Aguacaliente, qui a glané deux accessits en obstacle sous la férule de Guillaume Macaire, avant de rejoindre la Corse et les boxes d'Antoine Lorenzoni pour qui elle s'est imposée en plat, à Biguglia. Sans oublier Shelsy, pur produit de l'élevage limougeaud de Michel-Parreau Delhote, qui s'est placée à de multiples reprises en plat dans le circuit "classique" des Anglo-Arabes en France, alors sous la responsabilité de... Thomas Fourcy, l'entraîneur de Chamako, qui a donc eu sous son entrainement 50% des produits Anglo-Arabes du roi Martaline !
Le roi Martaline, grand étalon d'obstacle, et père de Chamako chez les Anglo-Arabes
Côté maternel, Chamako est le troisième produit de la gagnante en plat Douchamba, qui a également donné Douchamka, placée en plat et en obstacle sous les couleurs de son éleveur, Patrick Saint-Martin, avant de triompher en steeple, à Mont-de-Marsan, pour l'entraînement et la casaque de Michel Pelletant. Cette même Douchamka a d'ailleurs terminé troisième des femelles de sa section lors du Concours Élite de Tarbes en 2012, organisé alors sous des trombes d'eau et un terrain collant aux jambes des chevaux et de leurs présentateurs... Par ailleurs, Chamako et Douchamba puisent leurs origines dans l'une des plus françaises souches Anglo-Arabes, celles du Haras du Bosquet de la famille Laborde, là où est née et a grandi leur mère, Douchamba. En effet, cette dernière, fille de Jebeland Pontadour, n'est autre qu'une soeur de l'excellente Mossaka, quadruple lauréate en piste, notamment du Grand Prix des Pouliches à 25% de Tarbes en 2001, avant de devenir ensuite la mère d'une certaine Genmoss, invaincue en quinze sorties publiques, et qui s'apprête dorénavant à entamer une nouvelle carrière de poulinière à son tour. Chamako est donc un cousin de la reine des Anglo-Arabes, et un neveu du non moins doué Cherco, vainqueur en plat du Grand Critérium à 12.5% de Mont-de-Marsan, mais également en obstacle du Steeple-Chase National des Anglo-Arabes à Enghien, du Prix Hubert de Navailles à Auteuil... et de ce Prix Roger de Vazelhes à Pau, en 2013 !
La reine des Anglo-Arabes, Genmoss, au centre, cousine de Chamako, après son sacre dans le Prix Jean Laborde, à Tarbes, en octobre dernier
Malgré son nom signifiant "enfant" ou plus couramment "gamin" en espagnol, Chamako s'est avéré être un cheval assez tardif, n'ayant débuté en compétition qu'au mois de mars dernier, à l'âge de 5 ans, où il s'est imposé d'emblée sur les haies d'Agen, face à des chevaux pourtant beaucoup plus aguerris que lui, dont faisait partie une certaine Edenn Blue, diplômée du Grand Show Anglo 2016 et lauréate du Grand Critérium d'Auvergne des Anglo-Arabes, à Vichy, en 2018. À nouveau écarté des pistes pendant près de neuf mois, Chamako a néanmoins de nouveau tapé dans le mille le 15 novembre dernier, toujours sur les balais agenais, sous la lourde charge de 70 kilos. S'il avait déjà bien plu au partenaire de ses deux premières sorties, Davy Lesot, le représentant de Patrick Saint-Martin n'a pas non plus laissé insensible son jockey d'hier, James Reveley, qui voit en ce fils de Martaline une recrue d'avenir sur les gros obstacles.
Chamako et James Reveley, dans le viseur du photographe des stars, Robert Polin (© Twitter Hippodrome de Pau)
Un cheval à la classe certaine, beau, bien né... et encore entier, laissant présager que l'avenir de ce dernier pourrait se situer au haras, dans un futur plus ou moins proche. Ce ne serait d'ailleurs pas le premier Anglo-Arabe - même si Chamako est plutôt considéré comme un Anglo de Complément (AC) - à devenir étalon après une fructueuse carrière de course, effectuée chez le metteur au point royannais, Thomas Fourcy. Souvenez-vous d'Entrée de Jeu, pur produit du Haras du Val des Merles de Laure & Didier Giethlen, qui vient de réaliser sa toute première saison de monte, en 2020, au Haras de Pau-Gelos, après avoir notamment brillé en plat, à Tarbes, dans le Prix du Ministère de l'Agriculture à 37.5% en 2017, puis en obstacle, dans le Prix du Tursan, à Pau.
Entrée de Jeu, autre Anglo-Arabe de talent entraîné à l'époque par Thomas Fourcy
Le premier Anglo par Martaline à devenir étalon : voilà quelque chose qui ferait chavirer les coeurs, comme le faisaient Antonio Borrero père & fils auprès de la gent féminine à chaque "paseo", dont le style à la fois spectaculaire et empreint de folie au moment d'affronter les taureaux dans l'arène leur valut l'autre surnom de "torero des dames". En attendant de savoir si Chamako deviendra le "torero des juments", on a hâte de voir son prochain "paseo" de l'hiver dans l'arène du Pont-Long, à Pau, espérons-le sous les "olé !" du public...
Antonio Borrero Borrero, dit "Chamaco", grand matador du XXème siècle en Espagne, comme son père avant lui (© D. Chicot)
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