Manitopark, le vert va tellement bien aux Anglo-Arabes !
Manitopark, une Anglo-Arabe à 12.5%, lauréate sur les claies irlandaises de Cork ce samedi (© Coolmore Studs)
"Ils ont beaucoup de succès en France, et s'ils en ont là-bas, je ne vois pas pourquoi ils n'en auraient pas chez nous, en Irlande". Tels ont été les propos émis par Patrick Mullins, meilleur jockey amateur d'Irlande depuis maintenant treize saisons, au tout début de l'année 2019 auprès de nos confrères du Racing Post pour parler des Anglo-Arabes. En effet, il n'est plus aussi rare désormais de voir des chevaux de cette race, à 12.5 ou 25%, nés, élevés et, pour certains, ayant performé en France, rejoindre ensuite la Verte Erin en vue d'y faire carrière sur les obstacles, les professionnels des courses irlandaises appréciant notamment leur courage, leur endurance et leur incroyable qualité de saut.
Patrick Mullins et son père, le grand Willie Mullins, deux grands noms des courses irlandaises avec un petit penchant pour les Anglo-Arabes made in France
À commencer par le père de Patrick Mullins d'ailleurs, le grand Willie Mullins, l'un des meilleurs entraîneurs d'obstacle au monde, qui a notamment accueilli au sein de son écurie de Closutton, dans le comté de Carlow, plusieurs Anglo-Arabes au cours de ces dernières années. Des chevaux inédits et achetés aux ventes, comme K'Chou du Pecos, un fils de Walk In The Park qui a débuté sa carrière sous la casaque marine de Susan Magnier (la femme de John Magnier, l'un des "big boss" de Coolmore, ndlr) ou importés depuis l'Hexagone après y avoir effectué leur premier pas, comme l'excellent Aurko, resté invaincu en deux tentatives sous la férule de Thierry de Laurière, s'imposant notamment dans l'importante Coupe des Anglo-Arabes à Pau, lors du meeting d'hiver 2013-2014.
Aurko et Jonathan Plouganou, à leur victoire dans la Coupe des Anglo-Arabes de Pau, en 2013
Si les deux derniers cités ne sont malheureusement pas parvenu à lui offrir la moindre victoire en compétition, le premier n'ayant obtenu "que" quelques places avant de rejoindre les boxes anglais d'Henry Oliver et le second s'étant mortellement accidenté dès sa première sortie sous sa férule, Willie Mullins a pu compter ce week-end sur un autre cheval Anglo-Arabe né et élevé dans l'Hexagone pour lui apporter un nouveau succès, Manitopark, brillante lauréate hier, et de bout en bout, d'un maiden sur les claies de Cork sous la selle de son neveu, Daniel "Danny" Mullins. Cette même Manitopark, née et élevée au Haras du Bosquet de Véronique Laborde et Bruno Thierry, et qui a été sacrée championne des 12.5% de sa génération, en 2019, après n'avoir jamais terminé plus loin que seconde en six sorties en plat, à 3 ans, pour l'entraînement de Dider Guillemin... dont cinq fois en tête !
Manitopark, une championne à 12.5% aussi à l'aise en plat... que sur les obstacles ! (© Healy Racing)
Issue des oeuvres de Walk In The Park, un fils de Montjeu classé deuxième d'un Derby d'Epsom (Gr.1) faisant, à l'époque, la monte au Haras des Granges de Mathieu Daguzan-Garros et aujourd'hui superstar chez les étalons d'obstacle de l'outre-Manche, Manitopark est le dernier produit à ce jour de Manitoba, gagnante à Tarbes du Grand Prix des Pouliches à 25% en 2006. Cette dernière, aujourd'hui poulinière au Haras du Bosquet de ses éleveurs-propriétaires, Véronique Laborde et Bruno Thierry, a notamment donné naissance à quatre autres vainqueurs, dont Lebeaumani, lauréat d'une Poule d'Essai à 12.5%, Manitopix, sortie triomphante d'une épreuve sur les haies d'Enghien face aux "purs" ou encore la bonne Mawave, qui a inscrit à son palmarès le Grand National à 12.5% ou encore le Critérium d'Auvergne des Anglo-Arabes.
Manitopark (au centre) aux côtés de Lily Le Pemp, sa fidèle partenaire en France, et de Véronique Laborde, sa co-éleveuse et animatrice du Haras du Bosquet
Petite-fille de l'excellente Manga Blue (Grand National à 50%), et nièce des non moins doués Manganour (Prix d'Essai des Anglo-Arabes), Mangara (Grand Prix des Pouliches et Critérium des Pouliches à 37.5%) et autre Manga Sun (Critérium des Poulains à 12.5%), Manitopark n'a pas raté ses grands débuts en compétition, à 3 ans, s'imposant à Mont-de-Marsan, dans le convoité Prix de Valmy, paré de l'habit de lumière noir étoiles blanches de l'un de ses co-éleveurs, Bruno Thierry. Une casaque qu'elle a ensuite fait briller de mille feux dans le Critérium de Tarbes avant de s'avouer une première fois vaincue à Toulouse, dans le Critérium des Jeunes à 12.5%, ne trouvant sur sa route que l'excellent Goudurisk Lauteix, élu "Ministre" des 12.5% au cours de cette même année de 2019.
Manitopark, lors de sa victoire dans le Grand Prix des Pouliches à 12.5% de Tarbes
Lauréate ensuite de la Poule d'Essai et du Grand Critérium des 12.5% puis du Grand Prix des Pouliches à 12.5% dans la foulée, la belle bai a été achetée en privé par le célèbre duo de propriétaires anglais Simon Munir & Isaac Souede, qui l'ont ensuite placée entre les mains expertes de Willie Mullins pour qui elle comptait déjà deux premiers accessits, une quatrième et une cinquième places avant sa victoire de samedi, à Cork, où elle s'est montrée beaucoup plus appliquée dans ses sauts qu'auparavant. Une jument affichant de bonnes dispositions le matin, à l'entraînement, et qui, si elle venait à les répéter l'après-midi aux courses, sur un terrain "rapide" de préférence, pourrait peut être continuer à mener la vie dure aux "purs" dans le futur, pourquoi pas dans des épreuves de meilleure facture, comme l'eut fait avec brio Sully d'Oc la semaine passée dans un gros handicap du dernier festival de Punchestown.
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