Concerto pour Violon de Bréjoux dans l'Abbaye

02/01/2013
Le meeting Palois accueille des courses de haie réservées aux Anglo-Arabes de trois ans. Violon de Brejoux y a crevé l’écran lors de ses deux premières sorties. Ces deux victoires acquises avec beaucoup de facilité sont pleines de promesses.

Un élevage musical

 
D’un certain point de vu la musique et le turf ne sont pas si éloignés. Ne dit on pas d’un cheval régulièrement dans l’argent qu’il a « une bonne musique »… ? Les courses de chevaux n’ont-elles pas une dimension tragique et émotionnelle comparable à celle de l’Opéra ? On s’y mesure dans une lutte à la puissance d’évocation certaine, au cours de laquelle les passionnés reçoivent une véritable décharge émotionnelle… pas étonnant que bien des « sportsmen » se révèlent également être de véritables mélomanes !
 
Installé au magnifique domaine de Bréjou à quelques kilomètres au sud de Limoges, Georges Lemaigre du Breuil est un bon exemple de cette « mélomanie hippique ». Il a l’élégante habitude de donner une consonance musicale au nom de ses Anglo-Arabes, nés sous l’affixe « de Brejoux ».
 
 
Violon de Bréjoux (photo Jean-Pierre Rivière)
 
 
Plusieurs mères marquantes ont jalonné l’histoire de son élevage. Amorosa, issue de l’élevage de la Marquise de Moratalla, lui a donné Lambada de Brejoux IAA 136 et Jazz de Brejoux IAA 140 (Poule d’Essai devant Jebeland Pontadour). De Splendide (souche Parreau-Delhote) sont issus Legato de Brejoux (10 victoires et 18 places, dont le Grand Prix des Anglo-Arabes), Mirliton de Brejoux (Ministère) et Gavotte de Brejoux (Grand Prix des Pouliches et deux fois l’Omnium, mère de Synaptique et Monpilou). Enfin Tinkerbell sera à l’origine d’Invention de Brejoux elle-même mère de Rock'nroll de Poligny qui a gagné à Auteuil et dont les performances ont été évoquées sur ce site dans l’article « Concert de musique Rock’n Roll à Auteuil ».
 
 
 
Violon de Bréjoux provient de l'élevage de Bréjoux, de M. Lemaigre du Breuil, qui a été repris par Jean-Charles Escalé.
 
 
Le domaine de Bréjoux repris par Jean-Charles Escalé.
 
 
A l’occasion d’une réduction d’effectifs, l’élevage de Brejoux fut en grande partie cédé à son voisin, Jean-Charles Escalé, du Haras de l'Abbaye. En effet, le domaine de Bréjoux se trouvent juste de l'autre côté de la vallée sur un flanc duquel l'homme de l'Abbaye est installé. Il a cherché des années des terres supplémentaires pour développer un élevage personnel, en plus des infrastructures nécessaires à sa cour d'étalons et à l'élevage de PS arabes pour les princes du désert. C’est ainsi que Violon de Brejoux fut acquis foal par Jean-Charles Escalé qui le revendit le soir même à Guy Cherel !
 
Pour ses débuts Violon de Brejoux s’est placé deux fois en plat contre les AQPS avant de passer sur les balais. Dans le Prix du Houga, il est le plus chargé de la course mais s’impose malgré tout de 10 longueurs ! 12 jours plus tard dans le Coupe, sous 70 kgs (top weight de l’épreuve,) il s’impose à nouveau mais de 4 longueurs cette fois ci.
 
 
Jean-Charles Escalé
 
 
Fils de Balko, un étalon futur top étalon d'obstacle ?
 
Si l’on examine le pedigree de ce trois ans à 12,5 % de sang arabe, les références de classe ne manquent pas.
Son père Balko fut étalon chez Jean-Charles Escalé pour ses débuts comme reproducteur après avoir gagné à Auteuil 3 courses de Groupe donct le Prix Congress (Gr.2) sur le steeple à 3 ans.. Ce modèle de rêve à la remarquable locomotion s’affirme en tant que père. Ses meilleurs produits sont Michto (Prix la Périchole Gr.3 à Auteuil, 2e du Prix Congress Gr.2 à Auteuil…), Fago (2e du Prix Maurice Gillois Gr.1 à Auteuil) et Walk Sibo (2e du Prix Marc Antony, Listed à Auteuil). Au cours de ses premières saisons de monte en Limousin il a saillit des juments Anglo-Arabes. Sont issus de cette période les bons Dame de Guerre (25% 9 courses 4 victoires 4 places pour 48.000 euros en obstacle), Bamdabal (25% 10 courses 6 victoires 3 places 43.051 euros) et Violon de Brejoux le sujet de notre article.
 
 
Père de Violon de Bréjoux, Balko a été un grand sauteur à Auteuil.
 
 
 
Papier maternel en béton
 
 
Sa mère Eoline de Brejoux (Fast et Quintessence par Nikita III) fut une remarquable reproductrice après avoir fait preuve de classe en épreuves publiques (2e du Grand Prix des Pouliches, première du Grand Prix des Anglo-Arabes et de l’Omnium). Si ses filles ont un peu déçu la plupart de ses mâles sortaient vraiment du lot.
 
  • Nabucco de Brejoux (L’Escalator et Eoline de Brejoux par Fast) fut un remarquable sauteur avec pas moins de 17 victoires et 10 places (pour 251.000 euros de gains). A son palmarès figurent le Prix Roger de Vazelhes (trois fois), le Steeple Chase National des Anglo-Arabes (deux fois), le Prix Jean des Roches de Chassey et le Prix Charles de Ginestet.
  • Koto de Brejoux (Zeffir et Eoline de Brejoux par Fast) gagna quand à lui plus de 100.000 euros en 7 victoires et 36 places. Il s’était notamment imposé en Cross Country contre les AQPS.

 

Eoline de Bréjoux, la mère de Violon, Koto et Nabucco de Bréjoux, photographiée en 2011 à l'âge de 19 ans. Depuis, elle est malheureusement morte alors qu'elle était pleine de Full of Gold.

 

Leur grand-mère Quintessence était déjà bonne (7 victoires et 6 places, gagnante en plat contre les AQPS) et bien née (Nikita III 50% et Francisca, Pur Sang par New Chapter). Son père Nikita III était le frère utérin du fameux Nikanor (25 victoires en cross dont le Grand Cross de Craon). Au Haras il fut un bon père de gagnants, en particulier en obstacle.
Plus loin dans le papier pur sang de la mère de Quintessence on retrouve le célèbre Vandale qui fut tête de liste des pères de gagnants en France en 1959 et qui l’on doit des pointures de la trempe de Taine (double vainqueur du Prix du Cadran), Herbager (Jockey Club, meilleur trois ans de sa génération, étalon international) ou Douve (Prix de Diane).
 
 
 
Quintessence, la grand-mère.
 
 
Les anglos à l'assaut du vaste monde
 
 
Né pour l’obstacle, acquis et préparé dans cet objectif, Violon de Brejoux s’annonce comme un redoutable concurrent qui ne manquera pas de s’épanouir dans le programme réservé aux Anglos, avant d’aller peut être affronter les purs et AQPS. Tel est le destin des 12,5 qui doivent permettre aux souches Anglos de mettre en évidence leur aptitude au saut en dehors du circuit réservé à la race. C’est en tout cas ce que visent les éleveurs comme Jean Charles Escalé qui va faire saillir plusieurs bonnes Anglos à sa nouvelle recrue Konig Turf pour Guy Cherel qui est en propriétaire. Ce dernier étant également propriétaire et entraineur de Violon de Brejoux… Affaire à suivre !
 
Adrien CUGNASSE
 
 
 
 
 
 
 

On en parle dans l'article


Commentaires

Sur la photo, ne serait-ce pas Patrick Nicot et Monique, sa compagne, à Toulouse en 1987 ???
n. ostalgie - 02-01-2013 10:30
quelle classe...ce cheval...quel opportuniste..cet homme
touteperte - 02-01-2013 13:58