Fairy Tail: un conte de fées en anglo-arabie

23/11/2012
Fairy Tail (*) s’est imposé dans le Grand National des Anglo-Arabes le 8 novembre dernier à Toulouse. Cette victoire acquise avec classe a mis fin à la longue série de victoires de Benevolo de Paban, celui qui est très justement considéré comme le meilleur 25% de ces dernières années. Ce succès vient signer la réussite de l’élevage de Yan de Kersabiec qui vit son « conte de fée » en 2012 !

Il était une fois… dans le Sud !

L’histoire de Fairy Tail débute voici cinq ans en Gironde. La Baronne Caroline de Freycinet venait alors de disparaitre accidentellement. Cet élevage, crée voila trois décennies, connaissait une remarquable réussite, à la hauteur de la passion de son créateur. Contre toute attente Yan de Kersabiec, le fils de Caroline de Freycinet, décide de changer de vie et de reprendre l’élevage maternel. Ce restaurateur doit tout réapprendre après 20 ans sans chevaux. Les souvenirs d’une enfance équestre viennent se mêler à une passion renaissante qui s’appuie sur la volonté de « ne pas abandonner 30 ans de travail de ma mère ». C’est donc Yan de Kersabiec qui fera les poulinages de la génération 2007, ces derniers correspondant aux derniers croisements imaginés par sa mère. Fairy Tail était l’un d’entre eux.
 
 
En casaque bleue ciel portée par Guillaume Millet, Fairy Tail est déjà en tête au 1e passage devant les tribunes, tandis que le grand favori en casaque orange Bénévolo de Paban est dans son sillage immédiat. (photos Pierre Rivière)
 
 
Les débuts sont difficiles et l’élevage trop chargé avec ses 40 chevaux. Yan de Kersabiec réduit l’effectif en essayant de passer sous la barre des 20 pour miser sur la qualité en consacrant le temps nécessaire à chaque individu. Au cours des saisons 2009 et 2010 la passion de notre jeune éleveur sera mise à rude épreuve. 2011 apparait comme une éclaircie pour l’élevage qui renoue avec le succès.
 
2012 sera l’année du renouveau avec pas moins de 16 victoires et 30 places. Le Prix Caroline de Freycinet sera par exemple remportée par deux produits de son élevage. Les deux propres frères Candy Boy et Nanny’s Boy rendent ainsi le plus beau des hommages à leur éleveur, dans « son épreuve ». C’est aussi cette année que la production de Gnome, autre produit de l’élevage de Caroline de Freycinet, a dominé le concours de modèles et allures de Tarbes. Mais le plus beau est à venir et c’est Fairy Tail, qui va parachever ce « conte de fée ».
 
 
Fairy Tail est repartie de plus belle dans la ligne d'arrivée et Bénévolo de Paban n'a rien pu faire.
 
Fairy Tail, une histoire mouvementée
 
Vendu à deux ans à Monsieur Etienne Cesarie, propriétaire et entraineur en Corse, Fairy Tail n’a pas couru à trois ans, âge auquel il sera castré. Victorieux en débutant à quatre ans à Gabarret, il ne fera pas une bonne saison sur le continent malgré des signes de qualités en course. Rapatrié en Corse, c’est sur l'île que ce tardif prendra son envol cette année à 5 ans. En sept sorties il s’imposera six fois et son seul échec sera tout relatif avec une honorable seconde place.
 
Au dela des chiffres il faut bien préciser que ces victoires ont été acquises avec beaucoup de facilité, toujours matérialisée par une large avance au poteau face aux meilleurs sujets de Corse. Suivant son cheval sur le net (merci Racecourse pro !) Yan de Kersabiec pousse Etienne Cesarie à venir le courir sur le continent. Ne partant pas vainqueurs, le duo est tout de même confiant dans la qualité du cheval. Un cheval que personne n’attend, car « loin des yeux loin du cœur », ses victoires Corses sont sans doute un peu sous estimées par les continentaux.
 
 
Troisième à partir de la gauche, Yan de Kersabiec savoue ce succès classique.
 
 
 
Une victoire à la manière des forts
 
Tardif mais avec du fond comme beaucoup de représentants de sa famille, Fairy Tail prend la tête dès le début de l’épreuve. Personne ne le rattrapera et il résistera même aux attaques de Benevolo de Paban qu’il devance au final de trois longueurs. Emotion dans l’assistance, l’invincibilité du crack cette saison vient d’être mise à mal.
Les ressortissants du Haras de Candale semblent avoir pris l’habitude de faire tomber les têtes d’affiche. Candy Boy est en effet le dernier cheval à avoir battu Frisson du Pecos. Candy Boy et Fairy Tail sont issus de la même grand-mère, Aloa. Une 50% aux performances modestes mais dont la production s’est révélée tout à fait remarquable, notamment via sa fille Golden Fairy. Fairy Tail est l’un des derniers produits de la prolifique Golden Fairy qui aura donné pas moins de 15 produits dont 10 gagnants d’où 654.225 euros de gains avec les primes.
 
Contrairement à ce qui a été écrit dans la presse, Benevolo de Paban ne clôture pas sa carrière sur « une fausse note ». Cette deuxième place sous 65 kgs n’est pas une contre performance. Nul n’est infaillible et il faut souligner la sportivité de l’entourage de ce champion qui a pris le risque d’aller jusqu’au bout de la saison. Au moment où le nombre d’engagés dans les courses premiums est suivi avec attention par les autorités hippiques, on ne peut que saluer une telle participation et un tel esprit de compétition.
 
Cette victoire, tout comme celle de Firo de Lansac en 2011, est un signe fort auprès des propriétaires et entraineurs Corses. Ils ont les chevaux et l’entrainement pour venir courir sur le continent. Cet apport de chevaux Corses dans les bonnes courses ne pourra être que bénéfique aussi bien sur le plan sportif qu’en terme de nombre de partants.
 
C’est non sans émotion que Yan de Kersabiec a vu l’un des derniers poulains imaginés par sa mère s’imposer dans le Grand National avec autant d’assurance.  A la tête d’un élevage qu’il souhaite limiter à cinq mères de qualité (toutes première catégories), il essaye de transmettre sa passion de l’Anglo-Arabe et de l’élevage à ses enfants dont certains montent déjà à l’entrainement. Il nous précisait récemment : « Le monde de l’élevage et des courses peut être dur voire impitoyable. Je remercie donc les entraineurs qui m’ont fait confiance et les éleveurs qui m’ont manifesté leur soutien ou leur sympathie dans les moments heureux comme dans les périodes plus difficiles. Au delà des apparences l’Anglo-Arabie est un microcosme où il fait bon vivre. C’est une grande famille et il n’est pas rare que tout le monde, perdant comme gagnant, partage le champagne ».
 
Ainsi sera-t-il peut être battu dans quelques années dans le Grand National par The Small, frère utérin de Fairy Tail qui a été loué par le propriétaire de Benevolo de Paban ? Une défaite qu’il ne verrait sans doute pas d’un mauvais œil… histoire de poursuivre son « conte de fée » !
 
Adrien CUGNASSE
(*) Jeu de mot autour de l’expression Fairy Tale, littéralement « Conte de fée ». Tale (conte) est remplacé par Tail (Queue) dont la prononciation est proche.


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