Bénévolo et Frisson : deux futurs étalons enlèvent les omniums
Les Omniums à 12,5 et 37,5% sont deux épreuves de référence au sein du programme des courses pour Anglo-Arabe. Ces deux épreuves sont directement issues des « Prix du Gouvernement » mis en place par l’administration entre deux guerres dans l’objectif de sélectionner des reproducteurs Anglo-Arabes apte à transmettre les qualités nécessaires (sang, tissus, solidité…) pour la remonte des armées nationales. L’utilisation de chevaux de sang à des fins militaires s’est arrêtée il y a bien longtemps mais la prise en compte des résultats de l’Omnium au moment de repérer les futurs étalons n’a pas pris une ride ! En 2012 l’épreuve a vu s’imposer deux sujets de classe en tout point dignes d’officier en tant que reproducteurs.
Benevolo de Paban ou le sang de Lavirco chez les Anglo-Arabes :
Carmen Delmas, naisseur et propriétaire de Bénévolo de Paban, est connue dans les différents milieux hippiques du grand sud ouest pour les performances de l’écurie de course familiale mais également pour ses chevaux de sports équestres. Egalement passionné de concours hippique, elle élève avec succès des Anglos et issus d’Anglos à vocation sportive. En 2012 elle a eu le bonheur de voir Pidam de Paban s’imposer avec l’équipe de France dans la Coupe des Nations de Porto Alegre. Un succès ne venant pas seul son Benevolo de Paban, invaincu en 2012, a remporté dans l’Omnium à 12,5% sa troisième victoire successive.
Magnifique cheval, Bénévolo de Paban avait déjà sacré meilleur 2 ans au concours Elites de Tarbes avant de devenir un champion en course.
Plus de 216.000 € de gains !
Progressant à l’extérieur, il s’est porté aux avants postes à l’entrée de la ligne droite avant de s’imposer avec facilité. Les Anglophiles ont certainement encore en mémoire sa victoire dans le Prix de la Fédération 2012 où il domine l’épreuve sous 63 kilos (le second était à 56.5 kilos !). Il cumule à présent 216.563 euros de gains acquis en 16 courses d’où 10 victoires et 5 places le plus souvent acquises sous la selle de Jean-Bernard Eyquem. Sont inscrits à son palmarès l’Omnium (2 fois), le Prix de la Fédération (2 fois), le Prix Pierre de Castelbajac (2 fois), le Prix Jean Laborde et le Prix du Ministère. En outre Bénévolo avait été sacré champion des 2 ans au concours Elites de Tarbes. Un beau et bon cheval dont les points forts ne sauraient se limiter à son palmarès et son modèle.
Lors du Prix du Mnistère 2010 à Tarbes, Bénévolo de Paban prenait l'escendant sur son grand rival Cherco, issu du même père Lavirco.
Il peut en effet apporter dans le stud-book le sang du désormais célèbre Lavirco (voir le reportage de France Sire à son sujet) dont la production s’est exprimée au meilleur niveau. Lavirco n’a pour l’instant aucun fils étalon. Bénévolo de Paban pourrait donc être l’unique reproducteur mâle issu du véritable racer que fut son père.
La mère de notre sujet, Bee Blue (57% par Blue Boy et Anaphi par Mangarose) IAA 140 n’avait pu pleinement exprimer son potentiel en course suite à un accident provoqué par un autre concurrent. Offerte par son mari à Carmen Delmas, elle lui donnera 4 poulains avant de disparaître trop rapidement. Outre Bénévolo, elle est également à l’origine de sa propre sœur Unica de Paban (8 courses, 2 victoires, 3 places, 2e du critérium des Pouliches) et d’une yearling par Policy Maker.
Bénévolo sera étalon dans le privé dans le Gers
Cette famille devrait donc pouvoir perpétuer son excellence à l’élevage de Paban. On notera que le même croisement (Lavirco sur une jument issue de la souche de la célèbre La Bidassoa de l’élevage Laborde) a donné Cherco qui fut le meilleur male de trois ans de sa génération, contemporain et grand rival du sujet de notre article. Le duel au sommet du Prix du Ministère avait alors tourné à l’avantage de Bénévolo. C’était comme une croisée des chemins, puis tandis que Cherco, contraint de porter des montagnes de poids, n’a pas pu faire aussi bien à 4 ans, Benevolo fut quand à lui meilleur cheval d’âge en plat en 2011 chez les 25%. Carmen Delmas nous confiait que Benevolo de Paban devrait courir le Grand Prix des Anglo-Arabe à Longchamp avant d’entrer au haras. Il devrait faire la monte dans le Gers chez Jérôme Berges, responsable de l’élevage de la famille Delmas, qui se lance dans l’étalonnage avec un sujet de grande classe. Passionnée par le beau sport et l’élevage, Carmen Delmas récolte en 2012 le fruit de son travail d’éleveur. Une réussite d’autant plus remarquable que Bee Blue était sa seule poulinière Anglo-Arabe de course ! Elle nous confiait " avoir rarement obtenu autant de satisfactions avec les pur sangs en comparaison avec celles apportées par les Anglo courses."
Carmen Delmas, propriétaire éleveur de Bénévolo de Paban, en compagnie de son jockey Jean-Bernard Eyquem.
Didier Guillemin l’entraineur à qui sont confiés les produits de l’élevage de Paban, nous précisait récemment " c’est un cheval calme, gentil et maniable. Il n’a pas posé de problème particulier. Il est l’un des bons Anglo-Arabes que j’ai eu dans ma carrière. Il est facile depuis le début et, en complément de sa qualité, cela participe indéniablement au fait qu’il vieillit bien".
S’imposer 2 années de suite dans l’Omnium n’est pas chose aisée. Benevolo de Paban l’a fait. Il pourrait être rejoint l’an prochain par le vainqueur de l’édition 2012 chez les 37.5% et 50% !
Frisson du Pecos, né dans la pourpre de l’élevage Davezac :
Beau male bien né, meilleur 3 ans de sa génération, invaincu sur ses 6 dernières sorties, Frisson du Pecos présente toutes les caractéristiques pour pouvoir prétendre à devenir étalon. Cerise sur le gâteau, ce 4 ans frère utérin de la championne Family, affiche un pourcentage de sang des plus élevés (57%). Il apporte le sang de l’améliorateur Perdalian (meilleur père d’AQPS en plat en 1978 et 1979) et son père Hasa n’a plus à faire ses preuves. La famille de Frisson du Pecos à été évoquée dans l’article paru sur ce site « La descendance de Ferdalia domine le Grand National à 37,5% » ainsi que dans une étude parue dans l’Anglo-Arabe Magazine. Pour faire simple, c’est un cousin des vedettes France du Pécos et Fairplay du Pécos, celui-ci ayant effectué sa 1e saison de monte à Aurillac en 2012.
Patrick Davezac sort un nouvelle vedette parmi les mâles avec sa souche : Frisson du Pécos.
Sorti du peloton, Frisson fournit son effort à 400 mètres de l’arrivée après avoir été un peu bloqué par d’autres concurrents dans le tournant final. Il s’impose surement devant son neveu Faberge du Pecos (Zamouncho et Family). Frisson du Pecos est encore un bon investissement réalisé par Philippe Viallard qui confie ses protégés à l’une des références en termes d’entrainement d’Anglos à savoir Thierry de Laurière. Au sujet de Frisson du Pecos ce dernier nous précisait récemment : « On ne peut pas lui reprocher grand-chose. C’est un beau cheval, très bien né et très bon. Il a le profil d’un père ». Il devrait sans aucun doute poursuivre sa remarquable série six de victoires dans le Prix de l’Elevage, le Prix de Caroline de Freycinet et le Grand National.
Thierry de Laurière, entraineur de Frisson du Pécos.
Son palmarès est déjà des plus riches avec la Poule d’Essai, le Ministère, le Grand National, le Prix de Sélection et le Grand Prix d’Aquitaine. Sa plus mauvaise performance est une troisième place en débutant (sept victoires et deux places en neuf sorties) ! La victoire de Frisson du Pecos dans l’Omnium 2012 porte ses gains à 165.140 euros et il n’a que quatre ans et la saison n’est pas encore finie ! Au même âge le crack Carghese des Landes en était à 107.968 euros de gains acquis en 5 victoires et 4 places ! Frisson du Pecos pourra t-il égaler les dix victoires successives de Carghese des Landes ? Une affaire à suivre dans les prochaines courses sélectives pour Anglos à 50%.
Que va devenir l'étalonnage anglo-arabe ?
L’étalonnage Anglo-Arabe est en pleine mutation et aujourd’hui l’administration n’est plus forcément le destinataire final de tout mâle digne de reproduire. Un étalon doit susciter l’envie chez les étalonniers dans un premier temps puis chez les éleveurs par la suite. Il est heureux de voir que des chevaux de la classe de Bénévolo de Paban et Frisson du Pecos sont sollicités par de bonnes maisons et suscitent parfois même des vocations d’étalonniers. La pérennité de l’Anglo-Arabe de course ne saurait se passer de ces professionnels à qui l’effacement étatique ouvre un marché qui n’existait plus depuis l’entre deux guerres. Puissent ces derniers trouver dans l’Anglo-Arabe de course une ressource pérenne et complémentaire des autres races de sang (Arabes et Pur sang Anglais mais également chevaux de sport) qui cohabitent très bien dans une même station de monte.
Adrien Cugnasse