Coupe des Anglo-Arabes à Pau : Léon Malpic au carrefour des univers hippiques

18/01/2012
C’est la 5e victoire de Léon Malpic dans l’année 2011 ! En gagnant la Coupe des Anglo-Arabes, une des bonnes courses de haies pour 3 ans en début de meeting palois, ce poulain fait briller l’élevage de Pierre Pasquet, un pharmacien de la Vienne passé du concours hippiques au courses récemment.

En fin de peloton au début de l’épreuve, Leon Malpic (né chez Pierre Pasquet par Kutub et Lionne Rousse par Hasa) a petit à petit progressé avant de prendre la tête dans le dernier virage. Il s’impose de 2 longueurs. Cette victoire vient confirmer la remarquable saison (9 courses pour 5 victoires et une place) de ce 25% qui s’était incliné d’une encolure face à Uniklande dans le Prix du Ministère à Tarbes après avoir remporté le Prix d’Essai. Gagnant en débutant en haies à Bordeaux, il reste donc invaincu et plein de promesses. Leon Malpic est parti en vacances et va être castré. Son entraineur Thierry Lemer, plus connu en plat, et dont plusieurs pensionnaires se sont distingués au niveau listed et groupe en plat, précisait récemment : « C’est un vrai cheval de course, très souple et facile. Dans l’avenir il sortira sans doute en Steeple Chase ».

 

Léon Malpic reste invaincu en obstacle, au treme d'une saison de plat déjà très réussie.

 

Léon Malpic, ou l’entrée réussie de Pierre Pasquet dans le monde des courses

 

Leon Malpic est l’un des fers de lance de la production de Pierre Pasquet. Installé en Haute Vienne cet  éleveur s’est récemment mais brillamment lancé dans les galopeurs (1e partant en 2008). Il a par exemple également conçu So Long Malpic (par Fairly Ransom et Poussiere d'Or par Marchand de Sable, 5 victoires et 12 places pour 197.864 euros) qui a terminée seconde du Prix Luthier (Listed à Deauville) le 8 décembre dernier. Cette nouvelle orientation de production s’est précisée dans un contexte économique particulièrement difficile du coté des chevaux de sport malgré des résultats probants : Derzou Malpic (ISO 163, nombreuses victoires au niveau B1 classée en Gp A1), Narco Malpic (bon gagnant au niveau 1m35 en Espagne), Toscanini Malpic (Bon gagnant à 4 ans pour le compte de l’écurie Rocuet)…

Véritable passionné de généalogie, Pierre Pasquet n’hésite pas à utiliser les étalons (Traditionally, Balko, Fairly Ransom, Kutub…) du Haras de l’Abbaye dont il n’est distant que de 4 kilomètres. C’est également là qu’il a acquis Lionne Rousse (50% par Hasa et Petite Lionne par Khanjerlion) qui était née sur place. Le grand-père n’a eu que 20 produits, mais des bons ! Belle jument, souple avec de belles allures et du rebond, Lionne Rousse était remarquablement bien née (inbreed 5 x 5  sur Herbager et 4 x 4 sur Thalian). Elle était en effet issue du croisement d’Hasa (invaincu à trois ans en cinq sorties, père de nombreux gagnants) et Petite Lionne (par Khanjerlion). Cette dernière, née au Haras de Beaulieu de Jean Luc Gaillard, était une magnifique alezane qui n’a malheureusement eu que deux produits après avoir bien gagné en course (3 victoires et 4 places). Père de Lionne Rousse, Khanjerlion (Khanlion et Banjerada par Banjer Ps), également né chez Jean Luc Gaillard, présentait la particularité de n’être issus en seconde génération que de Pur Sangs et d’Arabes. Ce gagnant du ministère, bien fait, avec de la taille, est mort après 2 saisons de montes où furent conçus 20 produits. De cette infinitésimale production se distingue le remarquable Khanjer Joli qui est désormais omniprésent chez les 50%.

 

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Le fantasque mais très doué Khanlion

Khanlion, pas un tendre...

Son propre père Khanlion (Lionel Ps et Khana Arabe par Saint Laurent) avait également peu mais bien produit (34 produits en 3 saisons de monte). Ce 50% qui travaillait le matin avec Petit Président (gagnant de Listed en plat) était aussi délicat (monté sans bâton) que qualiteux. En course il était soit premier soit dernier, mais toujours de loin ! Cet étalon aux très bons tissus a légué sa qualité mais également du caractère si bien que ses rares produits n’étaient pas forcément « les chevaux de tout le monde ». Avec seulement 5 filles à la reproduction il fut notamment troisième meilleur père de mère au palmarès des AQPS en plat ! Une souche Crouzillac à la base La troisième mère de Leon Malpic, La Petite Brunie (Djahil et Dawnie par Thalian) nous ramène à l’excellente souche de Jacques Crouzillac (Haras de la Petite Brunie) dont sont issus un nombre impressionnant de bons chevaux si bien qu’il serait difficile de les énumérer sans omission ! Cette fille de la remarquable Dawnie était très délicate mais douée (Grand Prix des Pouliches) et outre Petite Lionne, elle est à l’origine de très bons gagnants comme La Petite Lione (mère de La Petite Bleue, 3 victoires et 11 places, et Le Bel Rio, premier du Ministère et de la Poule d’Essaie). Très exigeant dans sa démarche d’éleveur et toujours à l’écoute des professionnels, Pierre Pasquet ne manquera pas de continuer à produire de bons Anglos dans les années à venir. Satisfait du travail de Thierry Lemer, il a l’élégance d’admettre la part de chance inhérente à toute réussite hippique tout en se donnant les moyens de réussir. Il renoue ainsi d’une certaine manière avec les sensations qu’il avait pu ressentir par le passé en montant à l’entrainement !

 

Léon Malpic devant Ubac des Places : un jumelé gagnant signé de Kutub

 

Un second produit de Kutub sur le podium

Très bel étalon aux performances de haut niveau, 2e du Prix Lupin (Gr.1) chez Freddy Head puis triple gagnant de Gr.1 en Allemagne, en Italie et à Singapour pour Godolphin, Kutub est également le père du second de cette épreuve Ubac des Places, élevé lui aussi près de Limoges, par Marie-Pierre Lejeune au Haras des Places.  Son cas avait précédemment été évoqué par Paul Couderc dans un article paru le 4 mai dernier et intitulé « Les étalons qui font les nouveaux AA : le débat est lancé ». De façon assez étonnante, Kutub a raté sa carrière d’étalon. Jamais apprécié, il a quitté la France par la petite porte après une dernière saison de monte en 2007, lorsqu’il a conçu les 2 premiers de la Coupe des Anglos. Mais finalement, ce fils d’In The Wings présente un bon bilan de reproducteur avec un excellent ratio de vainqueurs malgré des productions réduites en nombre (voir sa production complète). Finalement, ce sont des anglos qui illustrent le mieux sa dernière production.

 

Etalon décrié en France, qui a fait sa dernière saison de monte au Haras de l'Abbaye, Kutub présente finalement un bilan flatteur.

 

Quand les anglos croisent les chemins des Pur-Sang et des AQPS

 

Cette Coupe des Anglo-Arabes (parcours N°4, 3500 mètres, haie) s’est courue dans les mêmes conditions et à une demi-heure de différence du Prix Georges Pastre. Dans cette épreuve pour tous chevaux de 4 ans le vainqueur s’impose en 4'25''85 sous 64 kilos (le plus chargé ayant fini la course portant 66 kilos), tandis que Leon Malpic a effectué ce même parcours en 4'39''77 sous 68 kilos (le plus chargé étant Ubac des Places avec 71 kilos). Une différence de taille. Qu’ils viennent des sports équestres avec des références internationales, qu’ils entrainent ou possèdent des chevaux de Groupe ou Listed (Arabes, Pur Sang, Chevaux d’Obstacles) ou qu’ils aient fait naitre des galopeurs pour ce même niveau, l’ensemble des acteurs de cette Coupe  des Anglo-Arabes sont des hommes de chevaux accomplis. Ces profils et parcours d’une grande diversité se retrouvent dans le programme des courses pour Anglo-Arabes. L’Anglo-Arabie s’ouvre pour le grand bénéfice de la race. En témoigne la récente victoire de Tchitola dans le Grand Prix des Pyrénées Atlantiques. Cette 12.5%, née en dans le Morbihan chez Marie-Laurence Oget, est entrainée dans le Maine-et-Loire par Jean-Luc Guillochon. Ce dernier nous précisait récemment : « C’est le premier Anglo-Arabe que j’entraine et je découvre les courses pour Anglo-Arabes par la même occasion. Le programme qui leur est dédié me semble ouvert et bien conçu, avec des possibilités de gains intéressantes ». Paul Couderc, trésorier du Syndicat Anglo Course, a connu une année 2011 fructueuse comme en témoignent les succès de Net Lovely (gagnante Groupe III à Auteuil) et Roi de Treve (gagnant Groupe II à Auteuil). Il nous précisait il y a peu : « Mes Anglos m’apportent autant de satisfactions que les autres chevaux de mon écurie. Ils me font autant vibrer et je leur accorde la même attention ». L’accessibilité (financière) des courses pour Anglos permet sans doute d’expliquer, avec les perspectives intéressantes de leur programme,  l’intérêt qu’elles peuvent susciter au-delà des préjugés chez des éleveurs, entraineurs et propriétaires venus d’horizons fort différents. A « potentiel émotionnel » équivalent, cela représente des arguments de taille au moment où le « Propriétaire » est le sujet de bien des discussions et réflexions dans le monde du galop Français.

Par Adrien Cugnasse



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