Jockey Club 2022 : Vadeni et ses indémodables

06/06/2022
L'élevage et la casaque verte et rouge du prince Aga Khan sont mythiques pour tous les fans de courses, et les couleurs sont à jamais indémodables. 5 ans après son dernier succès classique en France, la casaque brille dans le Jockey Club avec Vadeni, un fils de Churchill qui a pulvérisé l'opposition avec Christophe Soumillon, 16 ans après Darsi, et pour Jean-Claude Rouget, qui décidément aime cette course pas comme les autres. Découvrir le SUJET VIDEO au coeur de l'action. Avec France Galop. 

 

 

Les mauvaises langues trouveront toujours quelque chose à redire, mais les couleurs du prince Aga Khan et tous les souvenirs qu'elles engendrent sont décidément indémodables. Après avoir connu une époque faste au début du siècle, les élèves du prince se sont faits plus discrets ces dernières années. Le vert et les épaulettes rouges n'avaient d'ailleurs plus gagné un classique depuis Shakeel en 2017 dans le Grand Prix de Paris, un cheval qui n'aura même pas marqué l'histoire. Les bonnes souches sont elles toujours là et bien vivaces. Il fallait donc s'armer de patience et attendre l'étincelle. Elle a pour nom Vadeni.

 

 

Manager des Aga Khan Studs à Bonneval, Georges Rimaud déclare après la course "On n'a pas trouvé le modèle, mais on a trouvé le moteur ! ".  Petit et assez disgracieux, Vadeni prouve que les courses ne sont non pas un concours de beauté, mais une histoire de classe et de détails. Du façonnement habile de son programme en vue de l'objectif jusqu'à la monte grandiose de Christophe Soumillon, tout était là. Aux 400m, Jean-Claude Rouget pouvait déjà savourer le goût si agréable de son 5e Prix du Jockey Club. C'est rare, mais c'était beau. Car Vadeni est venu dans un royal canter à mi-ligne droite, et a laissé dans le lointain les animateurs britanniques El Bodegon et Modern Games, tandis que les français Al Hakeem, Onesto et Vagalame finissaient en trombe, mais trop tard. Il faut dire que nos anglais n'ont pas amusé la galerie en tête... mais repartent sans le titre ! Ouf. 

 

 

Jean-Claude Rouget a une histoire particulière avec le Jockey Club, qui a été l'un des premiers classiques qu'il a gagné en 2009, année durant laquelle il avait flambé dans la Poule d'Essai des Pouliches (Elusive Wave), le Diane (Stacelita), et donc le classique des mâles (Le Havre). Depuis, il y a dégainé avec Brametot, mais surtout Almanzor et Sottsass, deux cracks emblématiques de sa carrière. Quant au jockey, Christophe Soumillon, qui fait la course en tête pour une 11e cravache d'or alors qu'il a fêté ses 41 ans hier, une victoire classique pour le Prince doit avoir une saveur magnifique. Il n'avait plus gagné le Jockey Club depuis Darsi en 2006, déjà pour cette casaque. Bien des choses se sont passées depuis, mais le temps s'arrête pour quelques instants lorsque l'on s'envole dans une course comme celle-ci. 

 

 

Les Jockey Club du crack jockey belge sont très différents. En 2001 avec Anabaa Blue, il n'était encore qu'un gosse, avide de prouver au monde entier qu'il pouvait triompher à ce très haut niveau. Puis en 2003, il y avait la pression avec l'invaincu Dalakhani, qui allait ensuite lui offrir son premier Arc. En 2006 avec Darsi, c'était moins attendu, mais bien sûr génial. Avec Vadeni, le rêve était permis, mais loin d'être acquis avec un lot touffu et homogène. Qui aurait imaginé que le poulain s'envole de cette manière ? Personne sans doute. Vadeni a toutefois toujours montré un potentiel énorme, de ses débuts tonitruants dans le Sud-Ouest, jusqu'à son envolée dans le récent Prix de Guiche (Gr.3), la préparatoire favorite de son mentor, qui avait fait le dernier doublé Guiche/Jockey Club avec Almanzor. Faire l'impasse sur la Poule d'Essai était aussi la bonne option, celle de la sagesse, qui délaisse un gros objectif pour en préparer un au millimètre. Le système Rouget, dispersé entre Pau et Deauville sous la conduite d'hommes de confiance que sont Jean-René Dubosc et Jean-Bernard Roth montre aujourd'hui sa force de frappe et sa redoutable efficacité. Résultat : 4 partants, dont le gagnant. 

 

 

Mais rien ne se gagne sans stress dans une telle épreuve, que ce soit celui des équipes qui s'occupent au quotidien des champions les semaines précédant la course, mais aussi du côté élevage, où l'on fait chaque année des croisements pour au moins rêver à une telle victoire, voire la décrocher. Ainsi, l'élevage du prince Aga Khan s'appuie sur deux grands piliers, toujours forts aujourd'hui. La lignée de Mumtaz Mahal est celle de Zarkava et de son digne héritier Zarak, crack étalon en herbe qui a donné 2 gagnants de groupe cet après-midi, dont Baiykara pour le Prince. Le second déclic a été l'achat de l'effectif Lagardère, qui a permis aux Aga Khan Studs d'arriver à Siyouni, leader incontesté en France et reconnu mondialement, mais aussi Vadeni. 

 

Vaderana, la minsucule mère de Vadeni, ici avec sa grande soeur Vadsena 

 

Ainsi en 2005, le Prince Aga Khan a acheté les poulinières Lagardère, dont Vadaza, placée de listed chez André Fabre, et 3e mère de Vadeni. Son premier foal alors âgé de 3 ans, Vadawina, a gagné pour l'Aga Khan et déjà avec Christophe Soumillon le Prix Saint Alary (Gr.1). Première satisfaction pour cette jument qui est ensuite devenue une excellente reproductrice, à l'origine du bon stayer Vadamar, de Vedouma, mais aussi du semi-classique The Pentagon après sa vente à Baronstown Stud. La mère de Vadeni, Vaderana, n'a pas fait étalage de classe en piste. Gagnante de son maiden au Mans avec Norbert Jeanpierre en selle, elle a produit quelques black-types dont Vadsena, qui avait participé au Diane exactement pour le même entourage : Aga Khan, Rouget et Soumillon. 

 

 

Vaderana devient aujourd'hui la mère d'un gagnant classique grâce à sa rencontre avec Churchill. Fille de Monsun qui manque cruellement de taille (ce qui se ressent d'ailleurs à travers Vadeni), elle avait été présentée au champion Coolmore pour tenter de ramener ce modèle, ce qui a aussi été recherché à la suite avec Camelot. Crack invaincu à 2 ans, et quadruple gagnant de Gr.1 dont le doublé de Guinées, Churchill fait partie des jeunes étalons sur lesquels Coolmore compte bâtir son avenir. Vadeni, à qui il a transmis un peu de vitesse malgré tout, fait partie de sa première génération, lui avait offert un premier groupe, et désormais un 1er Gr.1, directement dans un classique ! Pour l'anecdote, il était le sire le plus représenté dans ce Jockey Club avec 2 partants, le seul dans ce cas de figure ! Fils de Galileo, Churchill poursuit le règne sans partage de la lignée d'Urban Sea, qui a gagné les 4 Gr.1 européens du week-end : la Coronation Cup avec Hukum (fils de Sea The Stars), les Oaks avec Tuesday (fille de Galileo), le Derby avec Desert Crown (Petit fils de Galileo), et donc le Jockey Club. 

 

Rien n'était donc écrit dans ce Jockey Club 2022, mais les grands noms des courses modernes, qu'ils soient éleveurs, entraîneurs, jockeys, et même étalons, prouvent qu'ils restent indémodables. Au coeur d'un monde en constant changement, ce qui fait parfois peur, cela ne fait pas de mal de retrouver les "bonnes vieilles têtes". On le dit avec humour certes, mais avec un profond respect, car tous ces gens là nous ont fait aimer les courses. Pas celles en noir et blanc non, mais bien celles en vert et rouge. 

 

GALERIE APRH 

Notre équipe de choc pour finir en beauté, toujours au plus proche de l'action et de l'émotion !


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