Jean Hardy, l'attrait de l'Ouest pour les étalons Anglo-Arabes

29/01/2021
Éleveur bien connu de l'Ouest de la France, à qui l'on doit notamment l'Anglo de Complément Matea Lambern, triple vainqueur du mythique Grand Cross de Craon, Jean Hardy a décidé pour 2021 d'emmener une descendante de ce dernier, Askel Lambern, à l'un des étalons Anglo-Arabes du Haras de l'Abbaye, une race qui, selon lui, offre de nombreux avantages à qui souhaite élever des chevaux d'obstacle.

Jean Hardy, grand éleveur de l'Ouest très attaché aux courants de sang Anglo-Arabes

 

Réputé pour être une excellente terre d'élevage, abritant en son sein de multiples structures de renom tant au trot qu'au galop, que ce soit chez les pur-sangs ou les AQPS, l'Ouest de la France s'est également distingué en 2020 dans le registre des Anglo-Arabes. En effet, certains de ses éleveurs ont été mis à l'honneur par le truchement de leurs produits "maison" qui se sont imposés dans quelques-unes des plus belles épreuves de l'Hexagone réservées aux Anglo-Arabes, tant en plat qu'en obstacle. Guy Cherel tout d'abord, installé sur la commune de Gavray, dans la Manche, qui est à l'origine de Stingo, lauréat du Grand Critérium des 12.5% de Mont-de-Marsan, en septembre dernier, ainsi qu'Emmanuel de Waresquiel, grand écrivain-historien français, dont la structure de Forcé, en Mayenne, a été mise sous le feu des projecteurs à trois reprises, grâce à la victoire de Guns'nroses dans le Prix de Bonnefoy, à Toulouse, et aux deux autres obtenues par son frère, Foofighters, notamment dans le Steeple-Chase National des Anglo-Arabes à Compiègne, au mois de novembre.

 

Matea Lambern, un Anglo-Arabe de Complément (AC) élevé par Jean Hardy, lauréat de trois Grand Cross de Craon

 

Cependant, même si les éleveurs d'Anglo-Arabes n'y sont pas aussi légion que dans le Sud-Ouest de l'Hexagone ou sur l'île de Beauté, en Corse, il ne faut pas oublier que l'Ouest de la France a toujours entretenu un rapport très particulier avec les chevaux de cette race. Car du temps où les reproducteurs AQPS n'avaient pas encore voix au chapitre, et où les Haras Nationaux existaient encore, avec au moins un étalon Anglo-Arabe stationné dans les pôles de La Roche-sur-Yon, Le Lion d'Angers, Hennebont, Le Pin-au-Haras, Lamballe, ou encore Saint-Lô, nombreux étaient les éleveurs normands, ligériens ou bretons à envoyer une (ou plusieurs) de leurs juments à ces reproducteurs, réputés pour transmettre de bonnes qualités de saut en plus d'un courage et d'une adaptibilité à toute épreuve.

 

Jean Hardy, posant fièrement aux côtés de Mousse des Bois, une fille de Ched de Clan, étalon bien connu de l'Anglo-Arabie française

 

Une direction prise il y a de cela plusieurs dizaines d'années par Jean Hardy, célèbre éleveur de l'Ouest installé en Mayenne, sur la commune de Saint-Denis d'Anjou depuis maintenant un demi-siècle, et à qui l'on doit notamment les "purs" Boisnoir et Bel Apsis, respectivement vainqueur et second d'un Prix Ferdinand Dufaure (Gr.1) à Auteuil, ainsi que l'excellent Matea Lambern, un Anglo de Complément lauréat de trois Grand Cross de Craon, deux Grand Cross de Corlay et d'un Grand Cross du Pertre à la fin des années 1980. Ce dernier nous raconte: "Grâce à mon expérience et à mes longues années dans le circuit (il s'apprête à célébrer son 81ème printemps, ndlr), j'ai pu faire le constat que tous mes bons chevaux qui se sont illustrés en obstacle ont tous du sang Anglo-Arabe dans leur pedigree. Même si mes protégés sont en grande partie AQPS, beaucoup sont affiliés à une souche Anglo-Arabe. L'une de mes poulinières, Mousse des Bois par exemple (mère de plusieurs gagnants dont Cousin Germain, Entoucas et Hêtre Rouge) est une Anglo de Complément car son père n'est autre que Chef de Clan, lui-même "AC", et qui a laissé une empreinte considérable chez les Anglo-Arabes. Bayardie, une autre de mes juments, actuellement pleine de Bande, est quant à elle une propre soeur des excellents Monpilou et Synaptique, et descend d'une souche absolument exceptionnelle chez les Anglo-Arabes, qui est celle de Sixtees, Art Sacré et Shrek".

 

Jean Hardy, aux côtés de la "N20" par Savoir Vivre et Bayardie, et avant tout nièce des champions "AC" Monpilou et Synaptique

 

Passionné par les courses et l'obstacle depuis toujours, issu d'une famille où le cheval faisait partie du quotidien, Jean Hardy a rapidement placé sa confiance, comme tant d'autres de ses voisins éleveurs, en divers étalons Anglo-Arabes stationnés à deux pas de chez lui, au Haras du Lion, tels Le Verglas ou Rigolo IV: "À l'époque, je me rendais souvent à ces étalons car j'aime bien le caractère rustique et les bonnes dispositions sur l'obstacle qu'ils transmettent, et ce à des prix de saillies on ne peut plus abordables. Je n'étais d'ailleurs pas le seul à le faire, les familles Humeau et Deschere, par exemple, ont elles aussi croisé leurs juments avec des étalons Anglo-Arabes et ont eu de bons résultats avec". Éleveur exploitant tous ses protégés en course, Jean Hardy ajoute: "Par ailleurs, je trouve le programme extrêmement attirant pour les chevaux de cette race. Il est beaucoup plus large: ils peuvent courir entre eux étant jeunes, avant d'affronter les "purs" et les AQPS en vieillissant. Je trouve cela très intéressant en tant qu'éleveur car cela agrandit le champ des possibilités pour valoriser les produits".

 

Deux possibilités s'offrent à Jean Hardy et Askel Lambern pour 2021: aller soit à Paban de France, le "Frankel des Anglo-Arabes"... (© Robert Polin)

 

Vainqueur cet hiver au pied des Pyrénées grâce à deux de ses élèves, Feux de Bois et Hêtre Rouge, entraînés respectivement par Daniela Mele et Erwan Grall, Jean Hardy a décidé de faire "comme au bon vieux temps" pour 2021, en planifiant d'emmener l'une de ses juments, Askel Lambern, descendante de son champion Matea Lambern, à la saillie à l'un des étalons Anglo-Arabes du Haras de l'Abbaye de Jean-Charles Escalé. Il nous explique: "Askel est une jument un petit peu "boulotte" comme ça, et le but est de l'envoyer à un étalon qui donne des rayons. J'aime beaucoup Paban de France, d'autant plus que je pourrais avoir un inbreeding en 4*4 sur Konigsstuhl, le père de l'excellent Monsun, que je trouve très intéressant. Mais il n'est pas non plus impossible que je me ravise et penche plutôt en faveur de Carghese des Landes, que j'aime aussi beaucoup. Je verrai le moment venu, mais quoiqu'il en soit, mon choix se portera sur un étalon Anglo-Arabe".

 

...soit à Carghese des Landes, le "Galileo de l'Anglo-Arabie" (© Hervé Delaroque)

 

"Oser l'Anglo", voilà des années que Jean Hardy le met en pratique, à bon escient qui plus est, et gageons que le croisement opéré cette année sur sa jument Askel Lambern, avec quelque étalon Anglo-Arabe que ce soit, lui apporte de nouveaux motifs de satisfaction dans le futur.


On en parle dans l'article


Commentaires

Soyez le premier à commenter cet article